Une formule inséparable !

Don et Adoration

Nous vivons à une époque où beaucoup adorent l’argent. C’est leur source ultime de sécurité, d’identité, et d’objectif de vie. Cependant, à cette même époque, Dieu invite Son peuple à L’adorer avec son argent. Ceci signifie qu’en tant que disciples de Christ, nous ne sommes pas appelés à adorer Dieu qu’avec nos lèvres à travers le chant, la prière, et la prédication. Nous sommes aussi invités à adorer Dieu à travers une offrande matérielle. Donner n’est pas une option pour l’adorateur, parce que les dîmes et offrandes restent des éléments essentiels de l’adoration de Dieu. Ellen White résume le principe fondamental de l’offrande chrétiennedans la louange communautaire comme suit :

Nous appartenons à Dieu ; nous sommes Ses fils et Ses filles, — du fait qu’Il nous a créés et parce qu’Il nous a rachetés en donnant pour nous Son Fils unique. « Vous ne vous appartenez point à vous-mêmes. Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu. » L’esprit, le coeur, la volonté et les sentiments appartiennent à Dieu, de même que l’argent dont nous disposons. Toutes choses que nous recevons et dont nous jouissons viennent du Seigneur. Dieu est le généreux dispensateur de tous les biens qui répondent aux besoins du corps et de l’âme, et Il souhaite que cela soit reconnu par celui qui en bénéficie 1

Pourquoi devons-nous adorer Dieu avec nos dons ? À quelle fin donnons-nous nos dîmes et offrandes ? Qu’exprimons-nous par ces dons ? Considérons brièvement la motivation, le but et la théologie derrière l’acte de donner dans le culte officiel ; référons-nous spécialement aux écrits d’Ellen G. White.

Motivation

Qu’est-ce qui nous pousse à donner pendant le service divin ? Qu’est-ce qui dans notre relation avec Dieu aboutit au fait que nous Lui apportons nos dons monétaires chaque Sabbat ?

D’abord, notre don est une réponse du coeur à la grâce de Dieu à notre égard. En tant qu’adorateurs, nous devons nous rappeler constamment que nous ne donnons pas seulement pour soutenir l’organisation de l’Église. Le don chrétien ne doit pas être vu simplement comme une réponse aux besoins financiers de l’Église, mais comme une expression d’adoration du Créateur pour Son soin providentiel. Donner est fondamentalement une expression de notre amour et de notre louange à Dieu pour Sa grâce extraordinaire. À travers nos dîmes et offrandes, nous exprimons concrètement Sa souveraineté incontestée sur nos vies. Par nos offrandes volontaires, nous exprimons notre amour pour Celui qui nous a aimés le premier.

Deuxièmement, en donnant, nous reconnaissons Dieu comme le Donateur et le Pardonneur. Dieu est l’Auteur de « tout cadeau de valeur, tout don parfait » (Jacques 1:17), et « donne à tous généreusement et sans faire de reproche » (vs. 5). Reconnaitre Dieu comme donateur est considérer Son don suprême, Jésus Christ, qui en retour propose à Ses disciples de donner librement parce qu’ils reçoivent librement (Matt. 10:8).

Dieu est aussi le Pardonneur. En Christ, Dieu pourvoit à l’humanité avec sa seule source de pardon et de réconciliation. Ceci signifie que donner ne peut pas être vu comme une façon par laquelle nous manipulons Dieu en échangeant de l’argent pour Ses bénédictions. L’acte de donner, comme n’importe quelle partie du culte adventiste, est incité par le don de soi de Dieu. Le don suprême de Dieu est le plus grand encouragement pour nous à donner. En donnant, nous démontrons de manière tangible que nous avons été captivés par la merveilleuse grâce de Dieu et que maintenant nous Lui appartenons comme Ses enfants rachetés.

Troisièmement, donner est une réponse aux bénédictions de Dieu. Donner est un témoin efficace que Dieu est la Source de toutes les bénédictions. Les dîmes et offrandes sont données pendant le service de l’église comme une affirmation faisant autorité\ que Dieu a continuellement béni Son peuple. Nous donnons en appréciation des bienfaits de Dieu et en gratitude pour Ses bénédictions abondantes. En donnant, nous reconnaissons que « le Dieu grand et infini ne vit pas pour Lui-même, mais pour le bienfait et la bénédiction de chaque être humain et chaque objet de Sa création. »2 Dieu donne constamment et nous invite aussi à répondre en donnant. Dans un article écrit en 1881, Ellen White avance ce point avec ironie : « Quand notre Bienfaiteur Céleste oubliera nos besoins ; quand Dieu oubliera d’être généreux, et qu’aucun de ses dons ne se manifestera dans nos granges, nos greniers, et nos caves — alors nous pourrons trouver une excuse de retenir nos offrandes. »3 [Trad libre] Ainsi, notre don témoigne de l’appréciation des rapports providentiels divins avec nous. À proprement parler, nous ne donnons pas pour recevoir plus de Dieu ; nous rendons à Dieu parce que nous avons déjà reçu beaucoup de Lui.

Objectif

À quelle fin les adorateurs donnent-ils durant le service de culte ? Quelles sont les raisons derrière l’action de donner ? On peut noter que les adorateurs donnent pour les raisons suivantes : (1) C’est un acte d’adoration. (2) Cela aide la mission de l’Église. (3) C’est une bonne gestion.

Premièrement, donner est un acte d’adoration. Ellen White est claire : « Le système de dîmes et offrandes avait pour but de bien faire comprendre aux hommes une grande vérité — que Dieu est la source de chaque bénédiction à Ses créatures, et que pour Lui, la gratitude de l’homme est la conséquence des bontés de Sa providence. » 4 En donnant, nous louons et remercions Dieu pour Son excellence et Sa bonté. Donner est une expression tangible de l’amour et de l’engagement pour Dieu, une réponse à Sa générosité. C’est la réponse d’un coeur joyeux à la bonté de Dieu. C’est le retour rituel d’une portion que Dieu a initialement donnée.

Deuxièmement, le peuple de Dieu accorde son soutien à l’oeuvre de Dieu, surtout « pour soutenir les ouvriers de l’Évangile dans leur\ oeuvre. » 5 En tant qu’adventistes, nous partageons le point de vue que « Dieu a fait dépendre la proclamation de l’Évangile du travail et des dons de Son peuple. » 6 À chaque fois que nous donnons, nous devons le faire avec la ferme croyance que nous soutenons concrètement la proclamation de l’Évangile et l’avancement de la mission de l’Église au monde. Cependant, en tant qu’adorateurs, nous devons toujours garder à l’esprit que notre offrande n’est pas pour l’Église, mais pour Dieu. Ceci implique que les leaders de l’Église doivent rendre des comptes à Dieu et au corps du Christ sur la façon dont ils utilisent l’argent de Dieu. Ainsi, donner est non seulement un moyen visible pour exprimer notre louange et notre reconnaissance ; c’est aussi un moyen de signaler de manière tangible notre engagement à entrer en partenariat avec Dieu dans Sa mission pour sauver le perdu.

Troisièmement, nous donnons pendant le service de culte parce que nous croyons en la gestion chrétienne. Nous comprenons que Dieu a créé le monde pour la joie et le soin de personnes qu’Il a créées. Nous reconnaissons que, en tant que gestionnaires de Dieu, notre responsabilité envers Dieu pour l’usage des diverses grâces qu’Il nous a confiées.

Reconnaissant que Dieu possède totalement nos vies, nous Lui dédions tout ce que nous possédons, incluant nos dîmes et offrandes. Ceci signifie que l’action de donner représente un acte d’engagement et d’adoration. En donnant, nous affirmons que toute la vie doit être vécue sous l’autor ité du Christ. Un tel don exprime notre engagement total pour Dieu. Ainsi, donner est un repositionnement hebdomadaire de notre vie et de nos possessions à l’autorité de Christ. « L’acte de donner développe le coeur du donateur, et l’unit davantage au Rédempteur du monde. »7 En donnant, nous nous rapprochons de Dieu8 et Lui ressemblons davantage ;9 nous développons un caractère pour le ciel.10 [Trad libre]

En tant qu’adventistes, nous reconnaissons la dîme comme « sacrée au Seigneur » (voir Lév. 27 : 30, 32). Elle Lui est rendue comme Sienne. De plus, nous voyons nos offrandes comme une opportunité à exprimer notre gratitude et notre amour à Dieu pour Ses soins constants. Rendre la dîme et donner les offrandes ne sont pas une réflexion après coup dans le contexte de l’adoration adventiste. Les adorateurs doivent préparer leur offrande à la maison et l’apporter avec un coeur joyeux le Sabbat.

Théologie

Une reconnaissance explicite de l’amour et de la sollicitude de Dieu imprègne l’acte de donner. Un postulat fondamental de cette action liturgique est que Dieu, le Créateur, le Rédempteur, et le Soutien de Son peuple, mérite une adoration totale. La raison fondamentale pour l’offrande, à part le financement routinier du personnel, des activités, et de la mission de l’Église, est de répondre à la générosité de Dieu dans Sa création, Sa rédemption, et Sa providence.

La fidélité dans l’offrande reflète la nature de notre Père céleste. Dieu se montre fidèle en subvenant aux besoins de Son peuple, et Il l’a manifesté de manière suprême : il a accompli Sa promesse en envoyant le Messie. Sa fidélité couvre le domaine entier de la vie chrétienne. En donnant, nous reconnaissons que Dieu est un fidèle Soutien, car il est dans Sa nature de donner. Il s’engage à bénir Son peuple.

« Jésus est Seigneur » est une déclaration au coeur de l’adoration chrétienne. En vérité, l’action de donner découle de cette déclaration centrale. La création et la nouvelle création en Christ sont des dons de Dieu. Christ s’est offert en sacrifice et invite Ses rachetés à s’offrir en sacrifices vivants. (Rom. 12 : 1, 2) Sa revendication au royaume de Dieu maintenant est exprimée de manière liturgique par l’offrande où l’Église reconnait la connexion vitale qui existe entre sa profession de foi et ses actions concrètes.

Ellen White souligne le rôle crucial de Jésus-Christ dans notre action de donner : Toutes les bénédictions doivent venir à travers un Médiateur. Chaque membre de la famille humaine se remet entièrement entre les mains de Christ, et tout ce que nous possédons — que ce soit le don d’argent, de maisons, de terres, de puissance de raisonnement, de force physique, de talents intellectuels — dans cette vie présente, et les bénédictions de la vie à venir, est placé en notre possession comme trésors de Dieu pour être fidèlement étendus pour le bénéfice de l’homme. Chaque jour est scellé de la croix et porte l’image et l’inscription de Jésus Christ. Toute chose vient de Dieu. Des plus petits bienfaits à la plus grande bénédiction, tout passe par le seul Canal — une médiation surhumaine aspergée du sang qui est d’une valeur inestimable parce que c’était la vie de Dieu en Son Fils.11

Dans cette perspective, Dieu est impliqué du commencement à la fin. L’offrande n’est pas un mouvement à sens unique de l’Église à Dieu. C’est plutôt, Dieu qui fait toujours le premier pas avant que l’Église ne réponde en adorant par l’offrande. Donner est une gestion de la grâce divine.

Il est implicite dans le retour de la dîme et le don des offrandes pendant le service d’adoration que Dieu reçoit vraiment ces dons. Pourtant, c’est l’Église qui utilise ces dons pour faire avancer le royaume de Dieu. Si c’est Dieu qui reçoit et l’Église qui utilise les offrandes, nous percevons une intime connexion entre l’action divine et humaine dans l’objectif salvateur de Dieu pour l’humanité. L’Église est l’instrument pour l’extension du royaume de Dieu sur terre. Le don fidèle et généreux de la dîme et des offrandes facilite la proclamation et l’actualisation du royaume de Dieu. Elles se déroulent sur fond de l’horizon de la victoire finale et eschatologique de Christ.

Conclusion

Donner est une démonstration de notre Chrétienneté et de la vraie adoration de Dieu. Comme nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu, nous accordons une grande priorité au retour de nos dîmes et au don de nos offrandes, fait avec liberté et contentement. 12 Comme nous donnons avec un coeur reconnaissant, Dieu nous bénit en conséquence.13 En vérité, l’adoration consiste à donner, et donner est l’adoration. Christ exige notre coeur tout entier et nos affections pleines et entières.14 Il ne peut accepter nos dons, à moins qu’ils ne viennent du coeur.15 Donner exprime notre allégeance totale à Dieu, qui est au coeur de la véritable adoration.

1 Ellen G. White, Conseils à l’Économe, p. 77.

2 White, Australasian Union Conference Record, Juin 1, 1900.

3 White, The Review and Herald, Jan. 4, 1881.

4 White, The Review and Herald, Sept. 10, 1889.

5 White, Témoignages pour l’Église, vol. 9, p. 249.

6 White, Conquérants pacifiques, p. 74.

7 White, The Review and Herald, Oct. 31, 1878.

8 White, Témoignages pour l’Église, vol. 3, p. 405.

9 White, Témoignages pour l’Église, vol. 9, p. 255.

10 White, The Review and Herald, May 16, 1893.

11 White, Faith and Works, p. 22.

12 White, Manuscript 159, 1899; Counsels on Stewardship, p. 66; The Review and Herald,

December 26, 1882; Témoignages pour l’Église, vol. 1, p. 238.

13 White, Christian Service, pp. 90, 175; Témoignages pour l’Église, vol. 5, pp. 267, 268;

Témoignages pour l’Église, vol. 3, pp. 304, 305.

14 White, Témoignages pour l’Église, vol. 1, p. 160.

15 White, Témoignages pour l’Église, vol. 2, p. 169.

Alain G. Coralie

Alain Coralie est le Secrétaire administratif de la Division de l’Afrique Est-Centrale. Il est marié à Caroline et le père d’une fille, Audrey-Joy. Son mastère (MTh) en théologie (Oxford) et son doctorat (PhD) (Bristol) portent sur la théologie de l’adoration.