Offrandes proportionnelles : vie spirituelle et mission de l’Église

Introduction

 Dès le début de l’histoire de ce monde, les offrandes de Caïn et d’Abel nous enseignent que donner est vital pour adorer. Elles montrent aussi que l’état spirituel du donateur est essentiel pour que l’offrande soit acceptée (Gen. 4 : 1-7). L’offrande était une partie indispensable de l’adoration publique durant les grandes fêtes d’Israël, au cours desquelles on ne pouvait se présenter devant Dieu les « mains vides » (Deut. 16 : 16).[1] Dans ces moments, l’offrande était une reconnaissance des bénédictions et non un moyen de les acquérir ; une expression de gratitude, non le salut par les œuvres.

Environ deux douzaines de mots différents sont employées dans l’Ancien Testament pour décrire les différents types de dons et leurs significations.[2] Ceci montre que donner, si fortement présent dans le vocabulaire du peuple, faisait partie de la manière dont il percevait et vivait sa vie. Ainsi, toutes les offrandes démontraient que d’un point de vue général, Dieu est le propriétaire de toutes choses (Ps. 24 : 1).

Dans cet article, nous limiterons notre discussion à trois aspects concernant la proportionnalité des offrandes. Le premier traite des offrandes obligatoires ; le deuxième, les offrandes volontaires ; et le troisième aborde l’aspect qualitatif du don. Comme nous le verrons, ces trois aspects désignent la proportionnalité comme une réponse aux bénédictions divines, un indicateur de la vie spirituelle et de l’engagement à la mission de l’Église.

Offrandes obligatoires

Faisant partie de l’adoration, les offrandes obligatoires étaient auparavant déterminées et établies selon l’instruction biblique. Cependant, comme le montrent les exemples suivants, même si ces offrandes avaient été instaurées en ce qui concerne des produits, des animaux, ou des sommes à donner, elles obéissaient à un type de proportion liée au statut financier du donateur. Un exemple de ces offrandes est celui du péché (Lév. 4-5), qui était donnée en gratitude pour la guérison (Lév. 12 : 1-33) et celles données pour la naissance d’un enfant et la purification après la naissance (Lév. 14 : 10, 11, 21-31).

Ainsi, selon le sérieux de l’offense et du statut de la personne (un prince, une personne riche, ou une personne pauvre), les offrandes du péché et autres offrandes obligatoires variaient. On offrait soit des taureaux ou des veaux, des béliers, chèvres, agneaux, colombes, et pigeons. Par conséquent, il y avait toujours une corrélation entre la capacité d’une personne à contribuer et son offrande. L’offrande ou sa valeur proportionnelle avait déjà été déterminée, et l’adorateur n’avait qu’à obéir.

On retrouve la proportion fixe et obligatoire dans différentes circonstances durant l’histoire d’Israël, montrant la façon dont Dieu s’occupe de son peuple. Voici quelques exemples.

  1. Dans le rachat des esclaves et des propriétés. Dans ce cas, une proportion était employée en fonction du moment. La valeur du rachat payé devrait être proportionnelle à la proximité du jubilé, quand une amnistie générale de la dette surviendrait (Lév. 25 : 52). Plus le jubilé était éloigné, plus l’esclave ou la propriété avait de la valeur.
  2. Dans la division de l’héritage parmi les tribus. Ce principe s’appliquait une fois de plus parce que les tribus d’Israël recevaient des terres proportionnellement à leur population (Nom. 26 : 54).
  3. Dans la distribution des villes aux Lévites. Le concept de la proportion était aussi employé dans ce cas. Chaque tribu faisait un don de villes aux Lévites proportionnellement au nombre qu’elles possédaient (Nom. 35 : 8).
  4. Dans la dîme apportée par le peuple pour le service sacerdotal (Lév. 27 : 30 ; Nom. 18 : 21, 24 ; Mal. 3 : 8-10).  

Tout ce qu’on apportait au Seigneur était une offrande. Ainsi, même si elle a l’objectif spécifique de soutenir le clergé, la dîme devrait être aussi donnée comme une « offrande » (Nom. 18 : 24).

Dans le texte ci-dessus, le mot identifiant le don de la dîme comme une offrande (terumah) est le même employé dans Malachie (3 : 8) pour distinguer les dîmes (maaser) des offrandes (terumah). Par conséquent, la dîme est une offrande proportionnellement fixe, mais toutes les offrandes ne sont pas des dîmes.

La dîme n’a pas été instaurée par les Lévites, mais c’était une offrande obligatoire fixe pour soutenir le ministère depuis des temps anciens. Elle est d’abord mentionnée dans la Bible approximativement 500 ans avant le sacerdoce lévitique, quand Abraham donna sa dîme à Melchisédek (Gen. 14 : 18-20).

Le ministère de Melchisédek n’a ni commencement ni fin. Ainsi, son droit à la dîme n’a aussi ni commencement ni fin. Ce droit appartient à Jésus, qui est vivant et que Melchisédek représente (Héb. 7 : 1-8).

Par conséquent, toutes les offrandes obligatoires et fixes de l’ancien contexte ont pris fin, de même que la dépendance sur le système cérémonial type, qui a été accompli en Jésus. Cependant, la dîme est la seule qui reste. De plus, aucun texte ne l’abolit ni dans l’Ancien Testament ni dans le Nouveau Testament ; et sa validité, différente d’autres offrandes obligatoires fixes, ne dépend pas du système lévitique.

La proportionnalité apparait dans diverses situations dans la relation entre Dieu et son peuple, à la fois dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Selon ce principe, chacun sera accepté suivant ce qu’il a et non ce qu’il n’a pas (2 Cor. 8 : 12).

Cependant, l’objectif de toutes ces offrandes obligatoires n’était pas d’acquérir des bénédictions divines, mais de reconnaitre Dieu comme le Propriétaire et le Créateur. C’était aussi d’être en communion avec lui par la signification rédemptrice de chaque offrande.

 Concentrons-nous maintenant sur les offrandes volontaires.

Offrandes volontaires

 Sous l’aspect quantitatif, on attribue ce nom d’offrandes volontaires parce qu’elles devraient être volontaires. Comme nous l’avons vu, Dieu détermine le pourcentage ou le montant des offrandes obligatoires, mais l’adorateur décide de la valeur des offrandes volontaires. L’adorateur fait face à la décision de la somme à donner, ce qui n’est pas le cas pour les offrandes obligatoires fixes. La Bible décrit donc, ces donateurs, comme quiconque qui « la fera de bon cœur » en termes de combien donner (Ex. 25 : 2).

En plus des offrandes volontaires, dans les offrandes libres « chacun donnera ce qu’il pourra » et « en fonction des bénédictions que l’Éternel ton Dieu, t’aura accordées » (Deut. 16 : 17). Ceci signifie que l’offrande volontaire devrait être (1) proportionnelle « aux bénédictions » et (2) donnée « de bon cœur » (Ex. 25 : 2), parce que le calcul est à la discrétion du donateur. Les offrandes obligatoires fixes étaient établies sur la base de la générosité, comme on le voit chez les animaux requis pour le sacrifice, dans d’autres offrandes, et dans la dîme. Ceci souligne que la générosité est aussi exercée proportionnellement aux offrandes données librement, selon ces exemples bibliques (Ex. 25 : 1, 2 ; Éz. 2 : 68, 69 ; Néh. 7 : 70-72 ; 10 : 32, 33 ; 1 Chr. 29 : 1-18).

Dans sa campagne pour les offrandes parmi les églises, l’apôtre Paul demandait une chose. « Que chacun de vous mette de côté chez lui ce qu’il pourra, en fonction de ses moyens, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour récolter les dons » (1 Cor. 16 : 2). Ici, la planification s’ajoute à la proportionnalité, comme le fit David quand il donna des offrandes pour le temple (1 Chr. 29 : 2).

Selon ce qui précède, la proportion de tout le revenu détermine la fréquence des offrandes, étant donné que l’offrande a lieu régulièrement à chaque cadeau que l’on reçoit, « en fonction des bénédictions de l’Éternel » (Deut. 16 : 17). Ainsi, la fréquence a un impact positif sur l’expérience chrétienne, comme elle dénote un engagement personnel systématique pour adorer et pour la mission de l’Église.

Par conséquent, les offrandes demeurent valides aujourd’hui, suivant un principe de proportionnalité. Deux types d’offrandes proportionnelles demeurent aussi : offrandes obligatoires fixes (dîme) et offrandes librement données « de bon cœur » (volontaires). L’expérience spirituelle du donateur et son engagement dans l’œuvre du Seigneur sont accentués dans les deux types.

Qualité de l’offrande

 Les offrandes de récoltes devraient être « la part qui me revient de ta moisson et de ta vendange » (Ex. 22 : 28). « Si un homme offre à l’Éternel du gros ou du petit bétail en sacrifice de communion, soit pour l’accomplissement d’un vœu, soit comme une offrande volontaire, la victime sera sans défaut afin qu’elle soit acceptée ; il n’y aura en elle aucun défaut » (Lév. 22 : 21).

Selon ce qui précède, les offrandes prédominantes venaient des produits de ferme et des animaux, et la qualité de l’offrande était la qualité de l’animal ou du produit offert. Cependant, la Bible enseigne que l’esprit avec lequel l’adorateur donne déterminera si l’offrande sera « la meilleure » et « sans défaut ». Ou il déterminera si l’offrande résulte d’un cœur mesquin qui apporte à l’autel ce qui est disponible ou qui a moins de valeur (Mal. 1).

Trois exemples de la Bible développent le sens de l’excellence de l’offrande, qui dépasse l’item offert et s’occupe de la motivation du donateur.

Le premier exemple est celui de la pauvre veuve (Mc 12 : 41-44). Jésus enseignait que la qualité de l’offrande s’exprime davantage de la façon dont l’adorateur donne, plutôt que par ce qui est donné. La valeur de l’offrande est la proportion qui requiert un sacrifice. Le texte est clair : la veuve a donné tout ce qu’elle avait. Même si l’offrande était faible en matière de quantité, cette faible somme était élevée, si l’on considérait la proportion par rapport à ses possessions.

Même s’ils donnaient beaucoup, les autres donateurs donnaient les restes, et il n’y avait ni générosité ni sacrifice dans le montant de leurs offrandes. Donc, une offrande proportionnelle ne suffit pas, elle doit être aussi généreuse. De cette façon, l’offrande de la veuve avait du sens pour Jésus, qui la loua et la montra en exemple pour tous ceux qui servent Dieu.

Le deuxième exemple se trouve dans le discours de David quand il lança un appel pour que le peuple apporte des dons pour la construction du temple (1 Chr. 29 : 1-18). Il disait qu’il donnait « avec toutes mes forces » (verset 2), touché par « mon attachement pour la maison de mon Dieu » (verset 3), et avec le peuple « se réjouit beaucoup » (versets 9, 17). David reconnaissait : « tout ce qui est dans le ciel et sur la terre t’appartient » (verset 11). Donner c’est rendre. Parce que « tout vient de toi et nous recevons de ta main » (verset 14), sur la conviction qu’il « aime la droiture » (verset 17). Une fois de plus, on place l’accent sur les vertus du cœur de l’adorateur.

Finalement, le troisième exemple comprend les instructions de l’apôtre Paul. En plus de la proportionnalité « en fonction de ses moyens » (1 Cor. 16 : 2), il met l’accent sur le fait que « votre bonne volonté » précèdera l’offrande (2 Cor. 9 : 2). Et « pour s’occuper de l’offrande que vous aviez promise, » « comme une vraie bénédiction » (verset 5), « comme il l’a décidé dans son cœur » (verset 7), par « quelqu’un donnant avec joie », car Dieu l’aime (verset 7).

Ainsi, les offrandes données avec amour et avec joie plaisent à Dieu (verset 7) parce qu’elles ne faiblissent jamais.

Il importe de se rappeler une fois de plus que la proportionnalité et la générosité des offrandes obligatoires et volontaires sont motivées par notre amour pour Dieu et pour la mission à tous les peuples. Voici quelques exemples :

  1. Les offrandes pour le temple signifiaient que par le sanctuaire, le nom de Dieu atteindrait toutes les nations (1 Rs 8 : 60).
  2. En recevant la dîme d’Abraham, Melchisédek conserva son ministère à la croisée des nations et devint un exemple de Christ, le prêtre qui intercède pour tous (Héb. 7 : 1-8).
  3. La ville où toutes les dîmes et offrandes étaient envoyées au grenier (Mal. 3 : 8-10) Jérusalem avait pour tâche de rassembler tous les peuples au nom du Seigneur. (És. 2 : 1-4 ; Jér. 3 : 17)
  4. En étant de fidèles donateurs de dîmes et d’offrandes, la nation israélite serait bénie, dans le but d’attirer l’attention de toutes les nations (Mal. 3 : 12).

Aujourd’hui, les offrandes obligatoires fixes (dîme) et les offrandes données librement (volontaires) font encore partie du plan de Dieu pour faire bouger l’Église et faire des disciples de toutes les nations (Matt. 28 : 19).

Conclusion

Finalement, comme nous l’avons vu, la proportionnalité est évidente dans les Écritures dans les offrandes obligatoires, de même que pour les offrandes volontaires, et les deux sont acceptables selon le cœur de l’adorateur. Ces deux types d’offrandes restent valables aujourd’hui dans l’adoration à travers les dîmes et les offrandes volontaires.

Le cœur détermine si l’offrande est parfaite, parce qu’il établit si le don est le meilleur en ce qui concerne la quantité et la qualité, pour être acceptables pour Dieu. Ainsi, la proportionnalité et la qualité ne peuvent être séparées, tout comme l’amour et la générosité.

Donner c’est adorer, tout comme prier. Dans la prière, le cœur s’élève à Dieu, lui disant ce qu’il sait déjà. Dans l’offrande, nous donnons de nous, rendant ce qui lui appartient déjà, selon sa volonté. Et sa volonté est une proportion généreuse, apportée joyeusement par le donateur, exprimant son engagement à Christ et à son œuvre.

Aujourd’hui, tous les saints sont encore invités à donner des offrandes proportionnelles avec une grande joie. C’est notre privilège.

 

[1] Tous les textes de la Bible sont de la version Segond 21 pour la traduction en français.

[2] Demóstenes Neves da Silva, Teologia das ofertas e perguntas sobre dízimo, Cachoeira, BA, Brasil. Edição do Autor, 2013 (théologie des offrandes et questions sur la dîme).

Demóstenes Neves da Silva

Demóstenes Neves da Silva, Mastère en Théologie (UNASP), Mastère en Famille dans la Société Contemporaine (UCSal) et Docteur en Psychologie (UFBa), était chargé de cours à l’Université adventiste de Bahia. Actuellement à la retraite, il vit au Salvado à Bahia, au Brésil, et demeure actif comme conférencier et auteur.