Offrandes : significations et nature obligatoire 

Le don des offrandes est régulièrement cité comme le point faible dans la pratique de la gestion dans l’Église Adventiste du Septième Jour. Cette situation est principalement due à un manque d’une compréhension théologique claire des offrandes dans la Bible, de même que du peu d’accents que mettent les responsables spirituels et pasteurs sur ce sujet. Cependant, l’acte de donner des offrandes est enraciné dans le tissu même de l’adoration de Dieu, comme exprimé par différents types d’offrandes dans l’Ancien Testament.

Quelques offrandes étaient des types de l’œuvre salvatrice de Christ et de la médiation entre Dieu et l’humanité : offrande de paix, offrande végétale, offrande de parfum à brûler, offrande pour obtenir le pardon. Pour cette raison, quand Christ, l’anti-type est venu pour mourir, toutes ces offrandes désignant sa mission terrestre sont parvenues à leur fin, quand le type a rencontré l’anti-type. Néanmoins, certaines de ces offrandes sont aussi tenaces que Dieu lui-même ; elles témoignent des moyens qu’a l’humanité pour exprimer sa gratitude à Dieu : vœux, offrandes de remerciements, offrandes volontaires, ou offrandes en termes généraux. 

Cette présentation vise à explorer quelques significations bibliques des offrandes et à établir la nature obligatoire des offrandes. Elle se concentre sur quatre passages : Exode 35 : 5, 29 ; Psaume 96 : 7, 8 ; Lévitique 7 : 13-16 ; et Malachie 3 : 7-8.

OFFRANDES DANS PSAUMES 96 : 8

 Psaume 96 : 8 « Rendez à l’ÉTERNEL la gloire due à son nom ; apportez-lui des offrandes et entrez dans ses parvis. »[1]

Dans le Psaume 96 : 8, 9, le mot traduit par offrande est minḥâ, qui signifie « distribuer, don, hommage, offrande volontaire de sacrifice sans sang, sacrifice, cadeau, présent, et offrande. »[2] Un minḥâ était donné en signe d’amour et de gratitude à Dieu.[3]  Le contexte des versets 1-3 révèle que cette offrande était associée à la gratitude des israélites envers Dieu comme Seigneur et Créateur des cieux. Minḥâ était un sacrifice (Gen. 4 : 3, 4), ou un présent pour Dieu comme Roi dans le contexte de son adoration (Ps. 96 : 8, 9). Cela pouvait aussi être un cadeau d’un homme à un autre comme signe de bonne volonté (Gen. 32 : 13-15 ; 43 : 11 ; 1 Rois 10 : 24, 25), et par des sujets en hommage à leurs maîtres au pouvoir (Jug. 3 : 15-18). Cela peut prendre les formes de produits de la ferme, de troupeaux, ou de métaux, comme mentionnés dans les textes précédents. Ainsi, les croyants présentent un minḥâ à Dieu en signe de loyauté ou d’honneur.[4]

Il est intéressant de noter dans le Psaume 96 : 8, deux verbes, יָהַב yāhaḇ (donner, venir, apporter, prendre), traduits par « donner, » et נָשָׂא nāśāʾ (lever, produire, apporter), traduits par « apporter, » sont associés à minḥâ. Les deux sont des ordres grammaticaux (Qal impératif, voix active, masculin pluriel) exprimant une commande ou un ordre de Dieu à tout son peuple.[5] Ceci implique que Dieu a ordonné à tous les israélites de venir à lui avec une offrande sous n’importe quelle forme, et non les mains vides. Le Nouveau Testament révèle qu’on s’attendait à ce que chaque adorateur s’approche de Dieu avec une offrande non expiatoire, comme prouvé dans Luc 21 : 1, 4.

OFFRANDES DANS EXODE 35 : 5, 29

 Exode 35 : 5 : « Prélevez sur ce qui vous appartient une offrande pour l’ÉTERNEL. Toute personne dont le cœur est bien disposé apportera en offrande à l’ÉTERNEL : de l’or, de l’argent et du bronze. »

Le mot traduit par « offrande » dans Exode 35 : 5 est rûmâ (un présent, comme offert), spécialement en sacrifice, en hommage, cadeau, et offrande élevée.[6] Cependant, au verset 29, un mot différent, נְדָבָה nḏāḇâ, traduit par « offrande volontaire » est employé, pourtant concernant les mêmes résultats comme employé au verset 5. Par conséquent, à partir du contexte, rûmâ (offrande, cadeau, présent) et nḏāḇâ (offrande volontaire, cadeau abondant) sont employés de manière interchangeable par Dieu dans ce chapitre, encore apportés sur l’ordre de Dieu par tous les israélites.

  ṯrûmâ (offrande) ou nḏāḇâ (offrande volontaire) avaient des formes variées, tout comme minḥâ plus haut.Certains items étaient des métaux, vêtements, peaux d’animaux ou autres produits animaux, huiles, parfums, bois, et pierres précieuses (Exod. 35 : 21-29) selon ce qu’on possédait (Exod. 35 : 23, 24).rûmâ s’applique aussi aux portions de sacrifices d’animaux (Lév. 7 : 32), de même que pour la dîme de tous les israélites, donnée en offrande à Dieu, et que les Lévites rendaient à Dieu après l’avoir reçue (Nom .18 : 24, 25). Cela incluait la taxe du sanctuaire payée par tous les adultes (Exod. 30 : 13, 14). 

Conséquemment, terumah peut représenter quelque chose qu’apporte un adorateur pour approcher la face de Dieu comme adoration ou honneur (Nom. 18 : 24, 25), pour le sacrifice (Lév. 7 : 32), ou pour être employé au service de Dieu (Exod. 25 : 2, 35 : 5). L’apport des aspects non sacrificiels de terumah, comme la dîme, est un terumah, une offrande pour le remercier et reconnaitre que Dieu possède chaque bénédiction. L’apport de nedabah (offrande volontaire), aussi, est une offrande terumah, pour remercier Dieu comme celui qui envoie les bénédictions (1 Chron. 29 : 10-13). C’est un ordre pour tous, tout comme l’offrande non sacrificielle minchah ci-dessus.

לָקַח lāqaḥ (prélever, apporter, porter, chercher)[7] traduit par « prélever » dans Exode 35 : 5, est un ordre (Qal impératif voix active masculin pluriel). Il exprime un ordre ou une charge de Dieu à tous les israélites de prélever lerûmâ (une offrande ou un présent) pour lui.[8] Même si on change le mot ou le verbe du verset 29 en nḏāḇâ (volontaire, volontariat,[9] cadeau abondant, offrande volontaire, offrande abondante),[10] l’aspect de l’ordre est toujours maintenu avec l’emploi de צָוָה ṣāwāh (commander, ordonner, instruire, donner la direction). On traduit par « commander » dans la clause « que l’ÉTERNEL avait ordonnée » au verset 29,[11] qui grammaticalement (piel parfait, voix active, masculin singulier) exprimant l’intensité de l’ordre par Dieu.[12] L’ordre était intensif de la part de Dieu à tous ; cependant, l’offrande apportée au verset 29 est appelée un nḏāḇâ (offrande de libre arbitre ou offrande volontaire).

OFFRANDES DANS LÉVITIQUE 7 : 13-16

 Lévitique 7 : 13, 16 : « À ces gâteaux il ajoutera du pain levé pour son offrande pour accompagner son sacrifice de reconnaissance et de communion. … Si quelqu’un offre un sacrifice pour accomplir un vœu ou comme offrande volontaire, la victime sera mangée le jour où il l’offrira et ce qui en restera sera mangé le lendemain. »

Le mot hébreu traduit par « offrande » dans Lévitique 7 : 13, 16 est קָרְבָּן qorḇān (quelque chose apporté près de l’autel, ex., un présent expiatoire, une offrande).[13] Ce mot peut aussi signifier un « don, une offrande, un sacrifice, ou une contribution. »[14] C’est un terme général quand on offre un animal, des légumes, d’e l’or, de l’argent, etc.[15]Qurban ou qorban, donc, peut s’appliquer à des formes variées d’offrandes. Cela se concentrait sur ce qui était apporté près de Dieu ou à l’autel du sacrifice, bien que non limité aux sacrifices ; cela signifiait aussi des offrandes non sacrificielles apportées à Dieu. 

OFFRANDES DANS MALACHIE 3 : 8

 Malachie 3 : 8 : « Un homme peut-il tromper Dieu ? En effet, vous me trompez, et vous dites : “En quoi t’avons-nous trompé ?” Dans les dîmes et les offrandes. »

 Le mot traduit par « offrande » ici estrûmâ (offrande, cadeau, ou présent), comme dans Exode 35 : 5. Cette offrande, que Dieu exigeait de tout Israël comme nation au prix de le maudire parce qu’il le trompait (Mal. 3 : 8, 9), est le même mot que rûmâ (offrande, cadeau, ou présent) d’Exode 25 : 2, 3 ; 35 : 5, 24, 29. Pour cette raison, il donne l’idée d’un point de vue grammatical et sémantique des mêmes principes trouvés dans le texte d’Exode ci-dessus.

La nature obligatoire terumah (offrandes) est prouvée par la tonalité de l’ordre que Dieu emploie, comme Malachie 3 : 8, 10 dit : « Apportez toutes les dîmes à la maison du trésor ». L’ordre « d’apporter » suit l’accusation que fait Dieu contre Juda de le tromper dans les dîmes et offrandes au verset 8. Le verbe traduit par « apporter » au verset 10 vient de בּוֹא bôʾ (hiphil impératif, masculin pluriel, voix active). Il exprime un ordre pour accomplir une action causale, [16]Dieu étant la cause de l’instruction d’apporter les offrandes à son grenier. Ceci implique que c’était un ordre exigeant une action immédiate,[17] auquel devait obéir tout Juda, similaire à rûmâ, ordonné à tous les israélites (Exod. 25 : 2; 35 : 5, 24).

Par conséquent, dans les deux textes où terumah est employé, l’aspect de l’ordre fait partie de cela ; ainsi, c’est une obligation à tous les adorateurs. Terumah (ici offrande) n’était pas pour construire un sanctuaire comme dans Exode. C’était plutôt un signe pour honorer (adorer) Dieu et pour qu’il y ait de la nourriture dans sa maison (Mal.1 : 6, 3 : 10), pour être employé par les prêtres et les Lévites (Nom. 18 : 24-30).

Conclusion

De l’étude effectuée, une offrande est un cadeau, un sacrifice, une contribution, et un présent que l’adorateur apporte à Dieu. L’offrande montre la gratitude et l’honneur à Dieu, ou pour des compatriotes comme signe de bonne volonté. Alors que le même mot signifiait « offrande expiatoire représentant l’œuvre médiatrice de Jésus-Christ sur terre », cet aspect a pris fin à sa mort sur la croix. De plus, on peut aussi observer que dans les trois cas, les mots terumah, minchah et nedabah (don, présent, offrande, ou offrande volontaire) étaient grammaticalement employés comme des ordres de Dieu. Cependant, les adorateurs répondirent volontairement à l’ordre, comme le pourcentage était déterminé selon la bonne volonté de l’adorateur. La seule exception était la dîme, qui était attachée au pourcentage, désignée comme le terumah quand elle était apportée par les israélites et les Lévites à Dieu. Donc, apporter un don ou une offrande à Dieu est une obligation de tous les adorateurs pour honorer Dieu alors qu’ils viennent adorer devant lui.

 

[1] Pour la traduction en français les textes sont de Segond 21.

[2] James Strong, The New Strong’s Expanded Dictionary of Bible Words (Nashville: Thomas Nelson, 2001), p. 615.

[3] Ibid.

[4] Francis Brown, S. Driver, and C. Briggs, The Brown-Driver-Briggs Hebrew and English Lexicon (Peabody, Mass.: Hendrickson Publishers,1906), s.v. minḥâ.

[5] Rick Bennett, s.v. yāhaḇ, nāśā.

[6] Ibid.

[7] Warren Baker, ed., The Complete Word Study Old Testament: King James Version (Chattanooga, Tenn.: AMG Publishers, 1994), p. 2280.

[8] Ibid.

[9] Brown, Driver, Briggs, The Brown-Driver-Briggs Hebrew and English Lexicon, s.v. nᵉḏāḇâ.

[10] Bennett, s.v. nḏāḇâ.

[11] John R. Kohlenberger and William Mounce, eds., Kohlenberger/Mounce Concise Hebrew-Aramaic Dictionary of the Old Testament[CD ROM] (Accordance electronic ed.: OakTree software, 2012).

[12] Baker, p. 2280.

[13] Rick Bennett, Key Dictionary of Biblical Hebrew and Aramaic: Based on Strong’s Hebrew Dictionary [CD ROM] (Accordance electronic ed.: OakTree Software: 2010), s.v. qorḇān.

[14] John R. Kohlenberger and William Mounce, eds., Kohlenberger/Mounce Concise Hebrew-Aramaic Dictionary of the Old Testament[CD ROM] (Accordance electronic ed.: OakTree software, 2012) s.v. qorḇān.

[15] Brown, Driver, Briggs, s.v. qorḇān.

[16] Ibid., p. 2274.

[17] Ibid., p. 2276.

Mayboy Muchabwe

Mayboy Muchabwe, MA en Études Bibliques et Théologiques, sert comme directeur de GCV pour la Fédération Midlands West Zambie, Zambie.